8 juillet 2011

Terence Malick ou la geste d'un cinéaste


Si je vous dis 40 ans de carrière, 5 films, peu de clichés ou d'interviews... Non personne... Et bien aujourd'hui mes petits amis, je vais parler d'un des réalisateurs qui me tient le plus à cœur (certes il y en a beaucoup...), et qui mérite d'être découvert par tous ceux qui n'ont pas encore osé franchir le pas.
Ce réalisateur c'est Terrence Malick. Alors qu'il vient de remporter la palme d'or cette année à Cannes, le réalisateur des Moissons du ciel et de Nouveau monde fait partie de ces génies créatifs qui ont le don de nous éblouir, de nous repousser dans nos certitudes d'avoir tout vu et d'être traversé de part en part par une œuvre. Magistrale !




Terrence Malick est né dans le Texas, le 30 novembre 1943, de parents immigrés assyriens. Il a étudié à Harvard (université prestigieuse est-il utile de le préciser...) ou il s'essaye à la philosophie. Il va ensuite rejoindre Life puis le New Yorker comme journaliste. A savoir comment il est passé de l'un à l'autre... Passionné d'écriture et de cinéma, il se lance dans la réalisation à 28 ans avec son premier film La Ballade sauvage en 1974, qui fera exploser Martin Sheen et découvrir Sissi Spacek. Ce premier long-métrage, tiré de faits réels, voit le road-trip sanglant d'un couple auquel on a interdit de s'aimer. C'est unanime, la presse aime ce premier film, considéré comme un des meilleurs premiers films fait jusque-là (on le compare même à Citizen Kane, c'est vous dire !). Il reviendra 4 ans plus tard avec Les Moissons du ciel, chef d’œuvre de tristesse, avec un tout jeune Richard Gere qui obtient ici son premier grand rôle au cinéma. Dans ce film, Bill (Richard Gere) va pousser sa petite amie à céder aux avances d'un riche fermier texan, malade incurable, dans l'espoir d'y trouver là un moyen de sortir de la misère. L'angoisse !
Et puis c'est là que l'on va découvrir la particularité de Terrence Malick, qui contribuera à sa légende d'ailleurs, au-delà de ses rares apparitions dans les médias. Il attendra plus de 20 ans pour sortir son nouveau film, La Ligne rouge (1999), film de guerre basé sur un livre de James Jones, retraçant la bataille de Guadalcanal. Il aura devant sa caméra un casting de dingue, qui ferait rêver n'importe quel réalisateur, Sean Penn, Whoody Harrelson, Georges Clooney, Adrien Brody, Nick Nolte ou encore John Travolta. Mais passer après notre ami Steven Spielberg n'est pas facile, et Il faut sauver le soldat Ryan, sort peu de temps avant, et ne laisse à La Ligne rouge qu'un succès critique. Terrence Malick redisparaît et c'est seulement 7 ans plus tard qu'il reviendra. Avec au casting Colin Farell et Christian Bale, Le Nouveau monde, une relecture de l'histoire de Pocahontas (je vois les yeux des fans de Disney briller là, non ce n'est pas tout à fait la même histoire !), une ode à la nature, aux images hallucinantes de beauté sur une musique sublime de James Horner. Encore une fois, tout le monde est unanime, c'est un chef-d’œuvre. Et puis 2011, The Tree of Life, son film le plus ambitieux, contemplatif, enivrant, déroutant, qui mêle l’histoire du monde et celle d'une famille des années 50 dans une banlieue américaine. Porté par un Brad Pitt dans un rôle inattendu et un Sean Penn mystique, le film remportera la palme d'or, que Terrence Malick n'ira même pas chercher !


Terrence Malick est un réalisateur atypique. La première chose qui le démarque c'est qu'il ne cède pas, non jamais, le final cut (c'est-à dire le montage final du film) aux boîtes de production. Il préfère s'en séparer que se renier, et on dit que c'est le milieu qui l'aurai écœuré, d'où son absence de 20 ans. Et puis c'est un perfectionniste. Tout dans ses films est calibré, travaillé minutieusement. C'est précis et passionné qu'il crée ses œuvres. Rendez-vous compte, pour Les Moissons du ciel, il aura mis 2 ans pour le montage du film, un travail de titan croyez-moi.
Mais le point commun de ces 5 films, outre leur cadre de production, est leur ambition. Il traite toujours de sujet dur, dans un style ample et épique, cosmogonique même parfois, et toujours obsédé par les belles images, qui en mettent plein la vue, avec des phases contemplatives très fortes. L'introduction de La Ligne rouge en est l'exemple parfait. La musique, comme les images sont très loin de ce que l'on a l’habitude de voir et d'entendre dans un film de guerre. Et qu'en est-il des ces longues séquences dans Le Nouveau Monde où l'on découvre cette nature sauvage, loin des préoccupations des protagonistes suivies jusque-là (effet garanti !).
Comme s'il faisait des pauses dans ses récits, ces moments sans aucun dialogue emmenés par une musique intense et magistrale à vous friser le poil, pousse toujours le spectateur à se retrouver en tête-à-tête avec lui-même, face au sujet que Malick offre comme une base de réflexion (c'est d'autant plus frappant dans ses derniers films). L'ampleur de ses œuvres font de ses œuvres une nouvelle expérience à chaque re-visionnage. Allez voir une première fois The Tree of Life racontez-vous la fin puis retournez le voir : vous verrez, vous serez plus si sûr de ce que vous aviez compris la première fois. Et c'est là la force de Terrence Malick, nous permettre d'aller à chaque fois plus loin et sur un chemin de pensée différent. La Ligne rouge, plus que de nous parler de la guerre et de la victoire américaine à grand coup de drapeau étoilé que ne renierait pas Michael Bay, raconte avant tout le désespoir, l’horreur et l'intimité de gens normaux plongés au milieu du chaos.

Bref vous l'aurez compris, j'adore Terrence Malick, ses films sont tous exceptionnels chacun abordant des thèmes différents, et je ne saurais que trop vous les conseiller. Certes son dernier en date est plus difficile d'accès, mais c'est en ayant un regard sur toute son œuvre que l'on comprends mieux où il a voulu aller. Donc foncez demander à vos amis, votre voisin ou voisine (ça peut même vous rapprocher qui sait...) ou votre loueur de vidéo s'ils ont ces films, et mettez-vous à l'aise pour les déguster.




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